Description |
[41] p. : ill. en coul. ; 24 cm. |
Résumé |
Album singulier et empreint d'une certaine souffrance proposant de suivre la réflexion de Marie (8 ans), qui tente de comprendre ce qui a rendu difforme le pied de son arrière-grand-mère. Celle-ci porte des chaussures faites sur mesure, l'une étant plus petite et plus courte que l'autre. Marie imagine plusieurs hypothèses des plus effrayantes ("Ses pieds ressemblent peut-être à des sabots de cheval, de chèvre ou de phacochère." (cf. p. [8]).), aux plus concrètes ("[Ses bottines] servent à contenir ses pieds, à les faire tenir ensemble. Sans elles, ils risqueraient de se désagréger; tous les petits os - tarse, métatarse, phalanges - qui mis bout à bout, forment les orteils, s'éparpilleraient sur le sol comme les osselets avec lesquels je joue à la récréation." (cf. p. [10]).), en passant par des images plus fantaisistes, mais non dénuées de gène ou de dégoût ("À moins qu'il n'y ait plus d'os. Que de la gélatine, comme dans le pied de cochon dont s'est régalé papa" (cf. p. [12].)). Ce malaise que ressent Marie face aux bottines de son arrière-grand-mère, la bonne, qui roule ses "r" parvient parfois à le briser en empêchant la vieille dame d'avoir à se lever. Puis un jour, alors que Marie se rend comme tous les mercredis chez son aïeule avec sa grand-mère, cette dernière lui explique ce que ne peut lui pardonner sa mère: ce terrible accident de la route qui a écrasé le pied de la très vieille Édith qui avait alors été projetée sur la chaussée par sa faute. [SDM] |
Critique |
Un récit à la fois tendre et troublant qui frappe par ses métaphores et son imaginaire un peu morbides, campés dans un décor bourgeois français qu'on a illustré de très belles gouaches impressionnistes aux tonalités verdâtres et dorées. Celles-ci appuient cependant l'intensité dramatique dont fait l'objet la réflexion de l'enfant qui apprend le sort de son arrière-grand-mère dans un contexte très culpabilisant pour sa grand-mère responsable de l'accident: "Parce que, entre elles deux, il y a ces bottines. Ces bottines qui font mal et me donnent envie de fuir. Ces bottines comme un couteau bien tranchant qui découpe le coeur de ma grand-mère en petits morceaux." (cf. p. [40]). Un texte poétique très personnel (autobiographique) qui reflète le désarroi des enfants devant l'inexpliqué, la vieillesse et parfois la laideur, et qu'ils ont heureusement tôt fait de l'éviter par des bouffonneries, comme le fait Marie qui apaise l'atmosphère par sa gaieté. La rancune qu'entretient cependant cette aïeule envers sa fille et la brusquerie des adultes face à la timidité ou le dégoût de Marie pourra toutefois chiffonner les coeurs plus tendres. [SDM] |
Public cible |
E+ D. |
ISBN |
9791023500707 (rel.) |
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